La question vous brûle les lèvres : comment Gaëlle fait-elle pour trouver tous ces endroits bizarres et merveilleux pour se garer chaque nuit ?
Commençons par la première difficulté. Mon bus, Gus, fait 6,4 m de long, plus le vélo à l'arrière, et 2,2 m de large. Nous ne pouvons donc pas nous arrêter sur n'importe quelle place de parking, car nous sommes toujours trop longs pour une place et nous en utilisons souvent deux en travers... Je dois donc planifier soigneusement les endroits où nous voulons nous arrêter et m'assurer qu'il y a des places de parking doubles disponibles. Pour quelque chose d'aussi simple que faire des courses, je dois ouvrir Google Maps en vue satellite et vérifier s'il y a un grand parking avec des places doubles sans îlot entre chaque rangée. Voilà donc mon premier outil : Google Maps en vue satellite. Il m'arrive cependant de traverser un village et de constater que le côté de la rue comporte de longues places de parking vides. C'est alors que je m'arrête avec joie pour acheter un croissant ou un pain au chocolat à la boulangerie locale ou à tout autre endroit ouvert à ce moment-là. (Note : en France provinciale, tout, sauf certains grands supermarchés, est fermé de 12h à 14h tous les jours, parfois plus selon l'humeur des commerçants, et aussi le dimanche).
Avant de quitter l'endroit où j'ai choisi de vivre pour une nuit ou deux, j'ai longuement cherché dans mon arsenal d'applications la prochaine destination. Même si c'est pour rendre visite à des amis, il doit y avoir de la place pour Gus dans leur jardin ou sur un parking à proximité : je ne laisse pas cela au hasard, car je ne suis pas passé maître dans l'art de me garer en parallèle avec une voiture normale, sans parler d'un bus comme Gus... (là où je vivais en Afrique du Sud, il y avait presque toujours des places pour se garer côte à côte, je n'avais jamais à m'ennuyer avec des places paralleles...).
Tous les adeptes du van ou du camping-car ont entendu parler de l'application Park4Night. Je l'ai découverte en étudiant les innombrables vidéos de YouTube sur la vie en van, au moment où je rêvais et planifiais mon aventure, alors que je vivais encore dans une maison. Elle a pour arrière-plan Google Maps, et diverses catégories d'emplacements y sont indiquées dans le monde entier.
Chaque utilisateur peut ajouter les emplacements qu'il trouve, qui sont ensuite vérifiés, et chaque utilisateur a ensuite la possibilité de commenter sur les emplacements qu'il utilise et de dire aux autres utilisateurs ce qu'ils en pensent. Les catégories peuvent être des campings, des aires de service pour camping-cars, des parkings réservées aux camping-cars, des places de stationnement en ville suffisamment grandes, des spots en nature, des aires de pique-nique et même des laveries automatiques. Ils détaillent les frais à payer, la présence ou non d'électricité, d'eau, d'évacuation des eaux grises et noires, et la période de l'année pendant laquelle ils sont ouverts. Les utilisateurs commenteront ensuite si le site est génial, inutilisable, hors d'usage, inexistant, fermé, fantastique, praticable, inaccessible aux gros véhicules, fréquenté par des voyous, envahi par les déchets, etc. Vous pouvez également utiliser l'option de vue satellite pour vous faire une meilleure idée.
La deuxième application que j'utilise est France Passion. C'est un réseau de producteurs, de vignobles, d'artisans, etc., qui proposent quelques places pour la nuit pour les vans ou camping-cars, sans que l'on ait besoin de réserver à l'avance, et sans services, il faut donc être autonome en eau, électricité et WC. L'idée est que les utilisateurs puissent visiter leur magasin de produits du terroir ou leur galerie de creations s'ils le souhaitent, mais sans obligation. C'est un excellent moyen de se garer gratuitement pour la nuit et d'acheter des produits locaux, du vin ou de l'artisanat, en provenance directe du producteur. Mais cela fonctionne mieux en été.
Il y a quelques autres applications que j'ai également utilisées.
Homecamper est un réseau de particuliers qui offrent leur terrain aux camping-cars et aux fourgons pour une somme modique, et l'application prend un gros pourcentage. Ils peuvent avoir de l'électricité, de l'eau, des toilettes, disponibles ou non.
La campingcard ACSI est un réseau de campings qui proposent des réductions hors saison, lorsque vous souhaitez bénéficier du confort d'un camping complet avec douches chaudes, cuisine, électricité et services. Peu de campings sont ouverts toute l'année, comme je le disais précédemment, mais il y en a suffisamment pour que ça aille!
Google Maps montre aussi des campings et des aires de camping-car qui ne sont pas forcément sur les autres applications ! Et sur la vue satellite, je peux aussi trouver des endroits par moi-même si j'étudie bien le paysage. Les parkings des cimetières peuvent être très utiles, comme celui que j'ai trouvé près de la maison d'un ami, car ils n'avaient pas assez de place pour moi dans leur allée.
Ainsi, chaque matin ou la veille au soir, je décide d'une direction et d'une distance, si j'ai besoin de services, d'un supermarché, ou simplement de calme et de tranquillité, et à partir de ces paramètres, je parcours toutes les options disponibles et prends une décision sur la destination.
Souvent, c'est l'endroit qui détermine les trésors que je vais trouver ! Aujourd'hui par exemple, je suis à La-Ferté-Loupière en Seine-et-Marne. Je n'en avais jamais entendu parler, jamais. Je l'ai choisi parce que la grisaille ces jours-ci avait empêché mon panneau solaire de recharger suffisamment mes batteries, et ce village a deux places de parking pour camping-car avec électricité gratuite, nichées à côté d'un court de tennis, et il se trouve qu'il est en direction de Paris, et à pas plus de 85 km de là où j'étais avant ! Ce village possède également une église médiévale avec un ensemble rare de peintures de la Danse Macabre à l'intérieur. Je n'en avais jamais entendu parler non plus. Il s'agit de peintures du XVIème siècle représentant des squelettes de la Mort interagissant dans une danse avec des personnes de toutes conditions, depuis l'ouvrier jusqu'au roi, pour nous rappeler que la Mort n'épargne personne, et qu'en fin de compte nous sommes tous égaux, quelle que soit la richesse ou le pouvoir que nous avons ou n'avons pas dans cette vie. L'église elle-même est magnifiquement rustique, avec de superbes vitraux et un ancien escalier en colimaçon menant à son clocher inhabituel.
C'est pour la même raison que j'ai découvert le Cirque de la Coquille, qui, malgré ce que son nom incongru peut suggérer, n'est pas une troupe d'artistes, mais une formation géologique naturelle. J'ai été attirée par la promesse d'un espace très paisible à l'extrémité du village d'Etalante, où je pourrais passer la journée à enregistrer des voix-off pour mes clients et à me rattraper en matière administrative. Mais il n'est jamais bon de rester sur son arrière-train toute la journée, alors je suis partie en exploration, et comme j'étais dans le parking de ce cirque, c'est ce que j'ai découvert. J'ai aussi appris à quel point un petit vent peut refroidir vos extrémités exposées et je me suis promis d'acquérir de meilleurs vêtements d'hiver avant que les temps ne se gate vraiment...
Revenons donc au Cirque. La colline est faite de pierres relativement molles sur ses couches supérieures, au-dessus de la pierre dure inférieure, de sorte que l'eau qui s'est infiltrée dans la pierre a été obligée de trouver un moyen de sortir lorsqu'elle a atteint la pierre dure. Elle a donc creusé un trou sur le côté de la colline et c'est là que la petite rivière Coquille, ou plutôt le ruisseau, commence sa vie. Avec le temps, le trou a rongé la colline de pierre tendre pour lui donner la forme d'une demi-lune, et c'est ainsi qu'est né le Cirque : un demi-cercle de falaises abruptes entourant une prairie traversée par un ruisseau. Et au centre, la source du ruisseau, là où il jaillit de la roche, accueilli dans le monde extérieur sous les bras adorateurs d'une petite forêt d'arbres et de buissons. Je vous dirais bien le nom des arbres, mais ils n'ont pas voulu se présenter.
C'est ainsi que je découvre la France. Au hasard des rencontres, dictées par les places disponibles pour garer mon Gus. Dans les directions des gens que je vais visiter. Cet hiver, je fuis les montagnes, alors mes chères connaissances en altitude devront attendre un temps un peu plus clément pour me trouver sur leurs chemins !
J'espère que vous avez apprécié mon aperçu sur les voyages en France en camping-car. Je serais ravie de lire vos découvertes accidentelles, peu importe où et comment ! Partagez vos expériences avec moi dans les commentaires ci-dessous :))
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