En route vers le minimalisme
Me débarrasser de toutes les CHOSES qui me définissaient.
Assise dans le noir, dans une chambre vide sauf pour le seul lit, j'éprouve un étrange sentiment d'exaltation, mal placé. Mal placé, parce qu'en ce moment même, nous sommes au milieu d'encore une autre coupure de courant. Il y en a au moins une par jour en ce moment, généralement programmée et prévisible. Celle-ci n'était pas prévue. Je devrais être frustrée et occupée à maudire ceux qui en sont responsable. Comme la plupart des Sud-Africains le sont. Mais je suis installée dans un lit très confortable, avec juste assez de couvertures pour que le froid de l'hiver n'atteigne pas mes orteils. J'ai une pizza sur mes genoux avec mon ordinateur qui joue un délicieux film d'action. (Depuis un disque dur, parce que Netflix ne fonctionne pas sans Wi-Fi...) Avec Sly ET Arnie ensemble. Bonus. (J'admets que les films d'action ne sont pas vraiment mon truc, mais vous savez, parfois, on a juste besoin de ce petit peu d'adrénaline) Il fait déjà nuit dehors, depuis 17h35 environ, et cela signifie que je vais avoir une soirée prolongée et que je peux encore me coucher tôt, hahaha. J'avais prévu de travailler après la nuit tombée ce soir, mais on ne peut pas être maitre de son destin quand il y a quelqu'un qui coupe le courant comme ça n'importe quand...
J'avais prévu de travailler plus tard que d'habitude aujourd'hui parce que je me suis retrouvée, de manière inattendue, prise dans un tourbillon imprévu, aujourd'hui. J'ai pratiquement vidé ma maison en moins de 6 heures ! Une semaine entière avant mon départ... C'est pourquoi je suis assis dans une chambre avec juste un lit. Et un ordinateur portable. Et une pizza livrée.
Vous voyez, hier, on m'a proposé un tout petit cheque pour venir vider ma maison, emporter TOUT dans un magasin d'occasion, la veille du jour où elle sera transférée à ses nouveaux propriétaires. Ils me rendraient service, en vidant tout et en me payant pour le faire. C'est mieux que d'essayer de trouver un acheteur pour chaque objet de la maison, et tout cela à temps pour le jour ou il faut vaquer. Vaquer, vacances. Les vacances. Oui, pour moi.
La nuit dernière, j'ai passé des heures réveillée au lieu de dormir (j'adore dormir, je l'ai déjà dit ?) à me sentir coupable de pouvoir vraiment me séparer de toutes les CHOSES que j'ai accumulées pendant tant d'années, et pour si peu d'argent. Je vous l'accorde, la plupart de mes affaires sont des objets de seconde main, des objets de énième main, des objets achetés au rabais ou des objets récupérés, parce que j'aime penser que les choses ont une histoire, et je ne parle pas non plus d'antiquités - les antiquités sont une sorte de possession m'as-tu-vu, ce qui ne correspond pas à mon modèle de vie. Je me sentais donc mal à l'aise avec cette solution facile, lorsque j'ai décidé de passer un accord avec moi-même. J'ai décidé de poster sur mes groupes sociaux locaux préférés les objets les plus probables et de voir quelle réponse j'obtiendrais d'ici l'après-midi, avant de donner une réponse à ces personnes. Le matin, j'ai donc pris des photos des canapés, de ma bouilloires, des lits, des rideaux, des tables, des chaises, d'assiettes, de verres, de tout. Je me suis un peu emportée et j'ai inclus tout ce que les enfants n'avaient pas déjà réservé pour leurs petits appartements... J'ai dressé une liste avec des photos et des prix ridiculement bas (je me suis dit qu'il valait mieux choisir un prix auquel je trouverais moi-même sympa d'acheter de telles choses plutôt qu'un prix qui ferait plaisr à ma poche). Et j'ai posté. Sur le groupe WhatsApp de mon quartier, et sur le groupe d'expatriés français de Joburg, qui a beaucoup d'expérience avec les gens qui vident leur maison pour émigrer.
Pas une minute ne s'est écoulée avant que mes appareils ne commencent à sonner, à vibrer, à faire des bruits et à recevoir toutes les autres notifications possibles et imaginables ! À l'heure du déjeuner, j'avais empoché presque autant que ce que ces autres personnes m'avaient offert, et j'avais organisé qu'on vienne chercher pour autant encore. Voilà ma maison vide de lits, d'assiettes, de verres à vin, de tables, de chaises, d'étagères, de chaises de jardin, de tondeuse à gazon, d'écrans, et encore un paquet de livres partis. Et il me reste encore deux canapés et un lit très confortable à reloger.
Et hier, ma voiture m'a également quitté. Je l'ai mise en ligne sur plusieurs sites Internet et je l'ai fait laver et embellir autant que possible (après avoir été pendant 7 ans le repaire préféré d'un chien grand-danois), en pensant que les acheteurs potentiels s'enfuiraient à première vue - et bien j'en ai obtenu plus que ce que j'attendais, et j'en ai même reçu des compliments, donc ce n'était pas aussi grave que je le pensais (à moi-même bien sûr, je n'ai rien dit à voix haute). Je pense que j'avais exagéré le caractère désespéré de la situation. J'ai sous-estimé le potentiel. Peut-être que je n'étais pas non plus consciente qu'il y a des gens qui vendent leur voiture dans un état bien pire que la mienne... Et j'étais là à stresser qu'elle ne se vendrait jamais avant que je prenne l'avion. C'est un peu comme le stress que j'avais il y a quelques mois : qu'allais-je faire si ma chère chienne grand-danois ne cassait pas sa pipe en os et qu'elle vivait toujours aussi gaiement au moment où je devrais partir ? et je n'aurais même pas pu imaginer chercher une nouvelle famille pour cette vieille dame. Eh bien, d'une manière ou d'une autre, elle savait et son heure est venue. J'ai été tristement soulagée. Elle m'a libéré. Et elle-même aussi, pauvre vieille chérie brinquebalante.
Quelle est la morale de cette histoire ? Ne pas perdre espoir. Un peu d'huile de coude vous mènera toujours plus loin qu'une solution miracle. Faites confiance aux gens qui vous entourent. Quand il y a une volonté, il y a un chemin. Un pas après l'autre, on finit toujours par y arriver. Si vous savez où vous allez, vous y arriverez, faites confiance au processus. Toutes ces petites phrases de motivation (bon, je ne pense pas que je les ai mises en bon français mais tant pis). Me reviennent de plein fouet. Vous pouvez les lire sur les réseaux sociaux tous les jours et savoir que oui, c'est vrai, c'est vrai. Et ne pas vraiment les savoir. Jusqu'à ce que vous traversiez quelque chose comme ça, et que vous réalisiez, bon sang, vous savez, ces motivations disent vraiment la vérité ! A force de les lire encore et encore sans trop y prêter attention, ils ont fait de tels sillons dans ma pensée que celle-ci a en fait commencé à rouler dans leur direction. Comme les roues d'un vieux chariot branlant sur une vieille route pleine d'ornières. Voilà une pensée pour vous. Former des habitudes ou laisser les habitudes vous former. L'œuf ou la poule ?
De plus, il y a une étrange satisfaction à voir toutes les choses qui définissent votre vie, votre vous en quelque sorte, prendre le chemin d'une nouvelle vie et participer à la création de l'histoire de quelqu'un d'autre. Il m'a fallu des mois de réflexion, mais j'ai fini par lâcher mon gros Winnie l'Ourson qui me suivait depuis que j'étais toute petite. Je pensais que ce serait une trahison de l'envoyer ailleurs, mais après son départ, j'ai fini par être contente pour lui. Il allait pouvoir rendre un nouveau petit enfant heureux au lieu de rester assis sur ma chaise à regarder le même coin de la pièce, jour après jour. Ou peut-être même rendrait-il heureux un grand-danois qui le déchirerait morceau par morceau avec grande joie. Comme Dutchy le faisait. Je me suis toujours demandé ce que ces peluches ressentaient face à ce destin... Bon je digresse.
Avec la maison vide et toutes les choses et les personnes qui la décoraient et la respiraient parties, ce n'est pas le vide que je ressens, mais la plénitude ! Je peux enfin m'entendre respirer, je peux remplir l'espace entier avec juste moi ! C'est génial. C'est merveilleusement calme et paisible. A chaque instant, je me regarde et je ressens la joie de tout ce qui est. J'ai créé cette vie. Et je vais en créer encore plus, et regarder en arrière à chaque instant et en ressentir la joie. Il y a eu des moments, il y a longtemps, où je ne savais pas comment faire ça. Je ne savais pas. Et ça n'était pas bon.
Allez, je ne pourrais mettre tout ceci en ligne que demain, quand le courant sera revenu et que j'aurai bien dormi.
Bonne nuit à tous !
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