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Avant de quitter Jersey, j'ai eu droit à une visite des îles Ecréhous, un ensemble de petits affleurements rocheux situés à quelques kilomètres en mer de Saint Helier, la ville principale de Jersey. Ma tante, mon oncle et moi sommes montés à bord d'un RIB - un bateau gonflable en caoutchouc, sur lequel se trouvaient trois bancs et six sièges qui ressemblaient à des montures de rodéo ! C'est prometteur, ai-je pensé, et je me suis installée sur l'un de ceux-çi, après avoir enfilé le coupe-vent et le gilet de sauvetage fournis par le guide Seafaris. De la musique s’est mise à jouer à l'avant du bateau, quelques bons airs pour nous mettre dans l'ambiance. Nous sommes partis pour une traversée de 15 minutes sur l'eau. Sur ce drôle de siège, comme à l'arrière d'une moto, avec le vent dans les cheveux, le bateau montant et descendant, accélérant habilement par-dessus chaque vague, tandis que nous profitions de la fraîcheur des embruns, et regardions les oiseaux de mer en espérant voir des dauphins. Vous ne pouvez pas imaginer la vague d'émotion qui m'a envahie, alors que je planais au-dessus de cette mer d'un bleu profond ! Avez-vous jamais vraiment éprouvé des larmes de joie ? Je ne sais pas si je l'avais déjà fait avant ce moment - mes yeux se sont mis à deborder, ma gorge palpitait et j'avais vraiment envie de pleurer comme on le ferait dans une situation extrêmement triste ! Mais je me sentais heureuse, tellement heureuse ! Comme si j'avais attendu ce moment toute ma vie ! Je peux encore le ressentir en écrivant ces lignes quelques semaines plus tard...
Les îles étaient incroyablement belles. Elles abritent de grands phoques et diverses espèces d'oiseaux marins protégés, dont les fous de Bassan (surnom que j'ai reçu dans mon enfance parce que je mangeais tout ce qui m'était présenté et que je finissais tous les plats - ce que je fais encore aujourd'hui d’ailleurs, hahaha). Nous avons nagé dans la mer au large de la cale, ajoutant ainsi un autre endroit à ma liste de bains de mer. L'eau était absolument claire, délicieusement salée, et à peine froide. J'ai bien apprécié les chaussures de mer cette fois-ci, car il a fallu marcher sur les coquillages et les rochers déchiquetant... Aucun des autres passagers n'a nagé, et je me suis sentie un peu comme si nous étions un peu des cascadeurs ! Après avoir remis nos coupe-vents, nous avons exploré un peu la petite plage de cailloux et imaginé ce que ce serait de vivre en mer comme ça, si loin de tout le monde... Au fil des siècles, il existe de nombreuses histoires de personnes ayant vécu de la sorte, dont un bonhomme qui se faisait appeler le roi des Ecréhous et qui a même été reçu par la reine Victoria, lui offrant un panier de homards…
J'avais ressenti l'appel de la mer. Mon âme s'en souvient depuis mon plus jeune âge. Je suis née à Saint-Malo, au bord de la mer, et à six mois, mes parents sont partis avec moi sur un voilier avec un autre couple et leur bébé pour faire le tour du monde. Ils ne sont arrivés qu'aux îles Canaries avant d'abandonner, mais au moins ils ont essayé, et ces quelques semaines sur l'eau ont dû profondément marquer mon petit être en pleine croissance, car j'ai toujours eu envie de la mer.
Il était donc impossible de passer par Saint-Malo en descendant du ferry de Jersey cette fois-ci sans y passer quelques nuits. Comme d'habitude, j'ai réservé à la dernière minute, j'ai donc pris la dernière chambre disponible en ville et je me suis retrouvée dans un charmant petit hôtel tout au bout de la promenade de la plage du Sillon, tout près de la plage, avec une vue sur la mer en bas de la cale depuis la terrasse du petit-déjeuner - j'ai tellement aimé ! J'ai trimballé ma nouvelle valise rouge jusqu'à ma chambre - ma valise violette avait eu une roue écrasée lors de ma première traversée en ferry et j'ai dû en acheter une nouvelle, quel gâchis et si peu écologique... oh au fait, si vous devez acheter une valise, assurez-vous que les roues sont en plastique dur et qu'elles roulent librement, parce que je peux vous dire que j'en ai acheté une bon marché et que j'en ai payé le prix, elle était vraiment difficile à tirer et n'a jamais voulu rouler à quatre pattes comme elle est censée le faire, comme la nouvelle... J'aurais pu m'épargner des efforts considérables lors de ce voyage Munich-France si je n'avais pas été aussi radin...
Quoi qu'il en soit, la première chose que j'ai faite à Saint-Malo a été de me rendre sur la looooongue plage où j'ai passé l'après-midi au soleil, m'offrant une séance de bronzage digne de vacances à la plage, avec un peu d'observation discrète des gens autour de moi, et quelques baignades bien sûr. Beaucoup de grands-parents avec des enfants, tout le monde profitant bien d’être dehors par ce beau temps. Le soir, je flânais dans la vieille ville avec ses grands bâtiments en granit, ses rues étroites et pavées, ses grands remparts en pierre, ses nombreuses crêperies et cafés de fruits de mer, tous ces touristes étrangers et la bonne humeur générale.
En 1944, quatre-vingt pour cent de la vieille ville, Intra-muros (à l'intérieur des murs), a été détruite par dix jours de bombardements alliés, et sa reconstruction identique à duré jusqu’à la fin des années 60. Au cours des âges, elle a été la demeure de grands navigateurs, d'explorateurs du Canada, de grandes compagnies commerciales et des corsaires sous Louis XIV, de pêcheurs de Terre-Neuve, et d'aventuriers malouins généralement assez fous ! Je n'y ai pas vécu longtemps mais je l'aime et j’ai l’impression d’y appartenir. En fait le propriétaire de l'hôtel m'a dit, oh, vous êtes née ici, donc vous êtes une vraie Malouine, alors que lui n'a vécu là que la majeure partie de sa vie, il est né ailleurs donc il ne peut pas revendiquer ce titre. Eh bien, c'est ce qu'il m'a dit, même s'il disait ça pour être gentil, je l'ai pris à cœur et ça m'a beaucoup touchée !!!
Je ne me lassais pas de la musique des vagues qui clapotaient sur les murs de la promenade à marée haute, la mer recouvrant toute la vaste plage chaque demi-journée, comme si elle n'avait jamais existé. J'ai passé des heures à la regarder, à écouter son chant et à me laisser entraîner par sa puissance envoutante. J’aurais pu y rester, ne jamais la quitter ! Et puis un jour, j'ai vu dans les petites annonces une maison sur roues idéale, et à moins de 200 km de Saint-Malo. Alors l'appel de la route a fini par l'emporter.
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