La vie de nomade est fantastique. Vivre où je veux, concilier travail et voyage au quotidien. Ne pas être coincé dans un seul endroit et répéter la même chose tous les jours. Cela semble utopique, n'est-ce pas ?
Mais il y a des aspects de cette vie qui sont un peu délicats. Vivre dans un endroit différent chaque jour signifie ne pas avoir certains repères auxquels on ne penserait même pas dans une vie sédentaire.
1. Le médecin
En France, à l'heure actuelle, les médecins sont une denrée rare, car ils sont tous surchargés de travail et sous-payés, de sorte que très peu d'entre eux acceptent de nouveaux patients. Et comme cela peut prendre plusieurs semaines avant d’avoir un rendez-vous, on ferait bien d'apprendre à lire notre avenir dans les grains de café...
On m'a dit que les pharmacies et les mairies devraient pouvoir aider en cas d'urgence, ou si on est dans une ville assez grande, va pour une visite à l'hôpital. À défaut, il ne reste plus qu’à composer le 15... Pour l'instant, je me contente de laisser grippes et autres petits maux suivre leur cours et je croise les doigts !
2. Adresse de livraison
Passer des commandes en ligne ? rien de plus facile ? Dans mon cas, cela demande un peu plus d'organisation !
Un truc super en France, c'est le réseau de "points relais". On récupère son colis dans un magasin au lieu de se le faire livrer à domicile. Je choisis donc une ville où je suis susceptible de me trouver le jour de la livraison ou juste après, et un magasin pas trop éloigné d'un endroit où je peux garer Gus le bus.
Si l'entreprise auprès de laquelle on a passé commande n'utilise pas ce réseau, on peut également faire envoyer l'article à un bureau de poste en utilisant la fonction Poste Restante, qui était utilisée couramment par les voyageurs autrefois pour recevoir leur courrier, avant que l'internet et les smartphones ne prennent le relais. J'avoue que je n'avais pas utilisé cette fonction depuis mes voyages en Afrique à la fin des années 90 ! Je suis contente qu'ils le fassent encore. Il faut juste prendre en compte que la poste facture pour ce service en fonction de la taille du colis, en plus des frais de livraison.
3. Bureaux administratifs
C'est le point le plus compliqué. La plupart des administrations civiles sont gérées localement, et pas vraiment centralisées. Heureusement, la France se dématérialise progressivement, ce qui fait que de plus en plus de démarches peuvent maintenant être effectuées en ligne.
Je suis domiciliée par l’intermédiaire d’une société spécialisée, dans une petite ville en Isère, dans l’est de la France. Ceci fonctionne pour ma petite entreprise individuelle de voix-off, tant fiscalement que pour recevoir mon courrier, qui m’est envoyé par email. Mais cela peut causer confusion quand j’explique que je ne peux pas me présenter à des rendez-vous parce que je suis indéfiniment de l’autre côté du pays. Et aussi parce que cette adresse vraisemblablement ne constitue pas un domicile au sens d’un hébergement. Quand j’aurais démêlé ce nœud là, je vous dirais si il y a une meilleure solution !
4. La vie sociale
Oui, c'est une question délicate pour beaucoup, j'imagine. Je n'ai jamais été très douée socialement, donc vivre solo me convient la plupart du temps. Mais de temps en temps, les grands braais dans le jardin avec la famille et les amis me manquent – ça c'est le barbecue traditionnel en Afrique du Sud, mais où le feu pour préparer le repas est au cœur de l’assemblée et pas seulement un accessoire sur le côté pour préparer quelques saucisses épicées.
J'ai la chance d'avoir de la famille et des anciens amis dispersés dans tout le pays, alors je leur rends visite autant que possible. C'est vraiment bien de faire ces pauses sur la route de temps en temps.
Vivant dans un bus, je pourrais facilement approcher d'autres voyageurs et me faire de nouveaux amis, mais je ne suis pas très doué pour cela non plus, j'ai besoin d'une sorte de catalyseur, sinon je reste le plus souvent en retrait. Peut-être qu'avec l'arrivée de l'été, je serai plus souvent dehors et je parviendrai mieux à faire des rencontres aléatoires..
J'aime vraiment rencontrer des nouvelles personnes, surtout quand j'ai déjà interagi avec elles en ligne, je pense que je suis plus douée pour ça que pour garder le contact avec mes amis ! Ce n'est donc pas comme si j'étais toute seule TOUT le temps. Mes deux meilleures sources de nouvelles connaissances sont les groupes Facebook auxquels j'appartiens - l'un est composé d'artistes voix-off français travaillant à domicile, qui apprécient également la camaraderie - un super résultat du covid - et l'autre est le groupe des Sud-Africains en France : c'est toujours agréable de rencontrer des gens qui parlent de la même façon ! En voyageant dans toute la France, j'organise des rencontres avec les membres de ces groupes, où qu'ils se trouvent. Et j'aime beaucoup ces rencontres, j'en ferai d'ailleurs bientôt tout un article.
5. Sport et entrainement
Il ne faut pas s’attendre à appartenir à une équipe de football ou à suivre régulièrement des cours de zumba lorsque l’on vit en déplacement. Evidemment. Il existe des chaînes de salles de sport auxquelles on peut s’inscrire si on a besoin de machines pour s’entraîner - c'est un phénomène répandu chez les nomades aux États-Unis, où les vanlifers utilisent les salles de sport des villes dans le cadre de leurs activités quotidiennes, comme prendre leur douche. Mais je reste loin des villes la plupart du temps, et de toute façon je n'ai jamais été douée pour suivre une routine d’entrainement!
Il y a des nomades qui aiment pratiquer le yoga sur la route, mais je ne me vois pas installer un tapis sur l'herbe dehors et me tordre dans des positions bizarres devant tout le monde... On peut aussi biensûr trouver des studios locaux où aller, mais encore une fois, ce serait plus probable dans les villes. Je ne suis pas assez disciplinée pour cela ! Alors je marche. Je marche beaucoup. Je rattrape toutes les années passées assise à un bureau, dans une voiture et sur un canapé. Ces jours-ci, je marche en moyenne sept kilomètres par jour.
J'ajouterais aussi le vélo. C'est un excellent moyen de se déplacer et de faire de l'exercice ! Le mien c’est un peu de la triche en fait, car il est à assistance électrique, mais je dois quand même pédaler. Sauf en ce moment. J'ai oublié de recharger la batterie entre deux sorties, je l'ai complètement vidée et maintenant elle ne se recharge plus. Le pire, c'est que j'ai acheté le vélo en ligne dans une grande chaîne, Decathlon, en pensant qu'en cas de problème, il y aurait des succursales partout. Il s'avère que j'ai acheté le vélo auprès d'un partenaire espagnol qui vend en ligne par leur intermédiaire. Pas d'affiliation. Je dois donc faire venir des pièces d'Espagne. Je ne veux même pas y penser maintenant. Je vais juste enfouir ma tête dans le sable comme une autruche pendant un moment. Pour ça je suis douée.
6. La vie associative
Si vous aimez les activités en groupe ou l’on se réuni régulièrement, la vie de nomade n'est pas faite pour vous. Je ne vais même pas développer, c’est évident.
Pour ma part, je vis dans une ville ou un village différent presque tous les jours, ce qui fait que je n'ai pas l'occasion de vraiment les connaître chacune de manière intime, ni de nouer des amitiés avec les habitants. Même si je restais plus longtemps, plusieurs jours ou plusieurs semaines, je reste en marge de ces communautés. Je regarde la vie se dérouler de l'extérieur, en observateur anonyme. Cela me convient parfaitement. Un jour, je déciderai peut-être de tenter la vie en communauté et d'apprendre les subtilités des interactions humaines. Mais ce n'est pas encore le cas. Peut-être jamais, je n'ai rien de prévu.
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