Tout d'abord, CHAUD ! Oui, c'est l'été ici, quel bonheur d'avoir échappé à l'hiver une fois de plus ! Bien que c’était plutôt déroutant au début de savoir quoi porter avec tous ces changements soudains de temps. Je suis descendue de l'avion avec mon manteau d'hiver, qui m'a bien servi dans les beaux parcs ombragés de Munich, puis voilà que j’achetais un chapeau et enfouissait mes pulls dans mon grand sac Mathilde & Co, et enfin je me suis mises à transpirer abondamment avec mon jean et mes docs sous le toit métallique du train régional qui m’emmenait dans la campagne du nord de la France. Et puis il a plu et j'avais oublié mon parapluie adoré1 dans ma valise, alors j'ai enfilé quelques couches supplémentaires qui ont dû être enlevées une demi-heure plus tard !
Mais tout cela ne vous dit pas grand-chose de mes douze premiers jours sur le vieux continent. Chaque moment a été merveilleux ! Je voulais écrire un article entier sur les arbres, les oiseaux, les plantes, les parcs et les montagnes de ma semaine munichoise, et je voulais écrire un article entier sur les joies des retrouvailles en famille, et un autre sur le voyage dans des trains qui fonctionnent vraiment mais qui aiment être drôles avec de méchants retards.... et sur la découverte d'une ville que j'ai connue toute ma vie sans en savoir la moindre chose... Au lieu de cela, je vais résumer un peu et ne vous donner qu’un paragraphe sur chaque !
Il y a tant de choses à voir et à faire, et en plus essayer de trouver quelques heures pour vraiment travailler de temps en temps, ainsi que partager mes photos sur les médias et écrire des articles - si je pensais avant quand je travaillais à domicile qu'il n'y avait pas assez d'heures dans la journée, eh bien maintenant la folie est passée par le toit et a coulé de l'autre côté de la planète. Mais comme dans l'histoire bien connue du pot de mayonnaise et du café, d'une manière ou d'une autre, tout s'emboîte et c'est comme ça que je l'aime :)
Ma première impression de l'Europe cette année a été avec Munich. C'était ma toute première fois en Allemagne (si on ne compte pas le voyage à Berlin-Ouest2 quand j'étais bébé). J'avais passé cinq mois à rafraîchir mes connaissances de la langue sur l'application Duolingo, ce qui m'a bien servi - malgré ma mémoire défaillante, j'ai réussi à me souvenir d'assez de choses pour tenir quelques conversations de base avec un chauffeur de taxi, une serveuse de brasserie et d'autres joyeux habitants pendant mon séjour ! Ce qui m'a frappé immédiatement à Munich, c'est le sentiment de paix - en contraste avec Johannesburg d'où je venais d'arriver - marcher dans les rues sans regarder derrière mon épaule tout le temps, juste profiter de la promenade... Tous les arbres le long des rues avec le chant des oiseaux, même dans le centre-ville, et surtout dans les zones résidentielles - si paisible et accueillant, et surtout faisant un grand travail de refroidissement et de nettoyage de l'air de la ville.
Il y a tellement de parcs, tout est si vert (bon OK je sais que c'est l'été), des terrains de jeux pour les enfants partout. Il y a même des endroits dans la rivière Isar, au milieu de la ville, où les gens vont faire du surf ! On ne peut s'empêcher de remarquer que les bords de route et les prairies des parcs sont souvent laissés à l'état sauvage et non entretenus, afin que les abeilles et la faune locale puissent vivre dans les fleurs naturelles. J'ai déjeuné au bord d'un grand lac dans les Englischer Gartens, dans un Biergarten, entourée d'arbres, de cygnes et de canards... Un vrai paradis. Ce doit être un endroit agréable à vivre, surtout avec des enfants.
Je devais absolument visiter les plus grandes attractions touristiques bavaroises, les châteaux de Neuschwanstein et de Hohenshwangau, avant de partir - l'offre de billets de train à 9€ en Allemagne cet été m'a permis de faire le trajet de deux heures en train dans les deux sens pratiquement gratuitement, alors je ne pouvais pas le manquer :)) Là encore, ce sont les sons et les odeurs de la forêt à flanc de montagne que j'ai le plus aimés. Il faut que je me procure le plus vite possible un livre d'oiseaux et un livre de plantes, car ne pas connaître le nom de quoi que ce soit me donne l'impression d'être un analphabète errant dans une bibliothèque... Je me souviens de l'odeur des plantes de mes vacances en France quand j'étais petite - n'est-ce pas drôle comment les odeurs peuvent faire remonter des souvenirs ?
Des arbres verts aux trains rouges - avec deux valises de 25 kilos chacune, ça n’allait pas être commode de voyager à travers le pays. C'est donc à contrecœur que j'ai quitté Munich en train après une semaine. Il m'a fallu plusieurs trains pour passer du sud de l'Allemagne au nord de la France, ce qui était la partie de mon voyage que je redoutais le plus. Le matin, à mon réveil, j'ai pris quelques grandes respirations et je me suis répété que tout allait bien se passer et que j'allais y arriver. J'avais pris la decision d’aller à pied jusqu'à la station de U-bahn au lieu de prendre un taxi jusqu'à la gare centrale, car l'incertitude de la circulation à l'heure de pointe du matin me semblait plus stressante que l'horaire des métros. Une fois que ça c'était fait, j’ai su que j'allais y arriver. Le fait de discuter avec d'autres voyageurs pour savoir comment faire pour prendre la correspondance lorsque le train est arrivé avec une demi-heure de retard à Stuttgart m'a aidé à retenir mon rythme cardiaque, et nous avons eu beaucoup de chance que le train suivant nous attende !
J'avais alors calculé que 45 minutes pour prendre le métro à Paris pour changer de station devraient suffire, mais quand on est arrivé avec 15 minutes de rab, j'ai fait de mon mieux mais je suis arrivé bien après le départ de mon prochain TGV. Pas d'inquiétude, j'ai trouvé le guichet et j'ai réussi à me frayer un chemin jusqu'au début de la file d'attente pour qu’on me donne la permission de prendre le train suivant (j'ai dû faire bonne impression parce qu'apparemment, cela n'arrive pas ?)
Et c'est à ce moment-là que j'ai réalisé que je devrais peut-être aussi revoir mes compétences en mathématiques, car je n'avais pas manqué le train du tout : dans ma panique j'avais lu 45 minutes au lieu de 1h45, donc je n'avais vraiment pas besoin de me donner tout ce mal. Ça m'a fait du bien de me moquer de moi là... Encore deux trains, une ligne à grande vitesse climatisée et une chenille surchauffée régionale, et puis le voyageur en sueur a finalement atterri sur le beau quai de La Station à Saint-Omer !
Entre deux réunions de famille où tout le monde parle en même temps et on a trois conversations simultanées, avec bières artisanales locales, fromage et saucisses épicées, j'ai emprunté un vélo électrique et exploré la campagne avec le vent dans les cheveux (bon d'accord, j'ai les cheveux courts et le casque n'avait pas l'air très romantique). Mais les collines de champs multicolores ondulantes à perte de vue, parsemées de clochers d'église, de toits orange et de grands arbres verts, c’était tout ce qu’on pourrait attendre d'une promenade à vélo à la campagne !
Et encore une fois, l'odeur de la terre et des plantes était tout simplement divine et je me sentais comme à la maison - est-ce un sentiment qui peut être décrit ? Je me suis sentie très reconnaissante pour le privilège de cette expérience. Je sais que j'ai travaillé dur toute ma vie et que si je suis ici, c'est parce que j'ai choisi de le faire, mais j'ai quand même eu de la chance d'être née ici et d'avoir une famille auprès de laquelle revenir. Je pense souvent aux réfugiés qui doivent fuir leur maison et atterrir dans un endroit comme celui-ci, mais ils doivent se débrouiller tout seuls...
Pour l'instant, j'ai installé mon studio d'enregistrement portable dans la ville de Saint Omer, j'ai la chance d'être invitée dans la maison de ma sœur pendant que j'explore ces rues que je n'ai connues que comme un endroit à traverser à vélo pendant les grandes vacances à la ferme familiale quand j'étais jeune. Je ne l'ai jamais connu comme un endroit où les gens vivent et travaillent, où il y a des musées à visiter et des visites guidées, ça a toujours été l'épicerie du coin ou la bande de cousins adolescents qui traînaient et mangeaient des cochonneries entre les repas hahaha....
Mardi soir, la nuit du solstice, c'était la Fête de la Musique dans toute la France, et même dans cette petite ville, il y avait des groupes, des musiciens, des DJ et des foules à chaque coin de rue, la bière coulait à flot et les gendarmes gardaient un œil vigilant sur tout cela. J'ai adoré cette ambiance qui me rappelait les festivals de musique en camping dans la brousse africaine, mais ici dans un cadre urbain, marchant dans les rues la nuit avec rien d'autre qu'un sourire sur le visage et une mélodie dans les oreilles. La ville était métamorphosée, j'ai eu un aperçu de ce que sont les Audomarois, quand ils ne sont pas tous cachés dans leurs maisons ou leurs lieux de travail: ceux qui préfèrent les vieilles chansons populaires françaises, d'autres qui traînent au camion du groupe de rock, ou qui jamment avec les DJs. Mon préféré était le groupe vagabond local Dürba, des chansons originales sympas avec une vraiment bonne atmosphère !
Ensuite, il n'y a rien de tel que de plonger ses orteils dans l'océan, et ça c'est une sensation dont je ne me lasserai jamais. Les plages du nord de la France à marée basse s'étendent à l'infini, et j'ai eu la chance cette fois-ci d'avoir un temps ensoleillé: on peut voir la côte anglaise à seulement 33 kilomètres de l'autre côté de la Manche. De grandes falaises, des champs vallonnés, de vieilles demeures, l'océan scintillant, des forêts de pins, des routes sinueuses avec des camping-cars partout, l'odeur des frites et l'odeur de la mer (bien qu'avec le covid, je pense que je ne peux plus sentir aussi fort qu'avant ?!) C'est ça la sensation de l'été dans cette partie de la France !
Je n'arrive pas à croire que vous ayez lu jusqu'ici, quel article épique… tout comme ce que je vis en ce moment. Je devrais avoir l'impression d'être en vacances, comme l'année dernière, mais parce que je suis ICI pour de bon, je n'ai pas cette impression, c'est différent. Je suis vraiment ICI. Il y a de l'administratif à régler au milieu de tout ça, mais ce n'est pas grave, parce que je suis vraiment ICI. Après avoir tout planifié, pensé, douté, craint et fait, je suis ICI. Je suis très fière de moi pour l'avoir fait, et ce n'est que le début ! Il y a tellement de choses à venir et je sais que je peux le faire. Et parce que j'ai travaillé si dur pour en arriver là, je l'aime d'autant plus !!
Bon alors à la prochaine, quand Gaëlle Goes Adventuring vous écrira de Jersey (île de la Manche) - si vous n'êtes pas encore abonné, allez-y, vous ne voulez pas manquer le prochain épisode :))
Lors de mon tout premier voyage solo en train l'année dernière, alors que j'arrivais dans ma première ville française, le temps menaçait de virer au liquide. Je me suis donc précipitée dans la première boutique de parapluies et j'en ai acheté un joli jaune qui ne m'a pas quittée depuis. Sauf quand il a plu la semaine dernière, hahaha. Vous savez que je n'avais jamais eu de parapluie avant ? parce qu'à Joburg, il n'y a qu'un saut rapide entre l'intérieur et la voiture, alors je n'en avais pas vraiment besoin...
Mon oncle était stationné là-bas dans les années 70 et mes parents ont dû obtenir un laissez-passer pour traverser l'Allemagne de l'Est et rendre visite à la famille ! Si seulement je pouvais me rappeler comment c'était...