Pas si courageuse que vous croyez
Réflexions sur ma première année avec Gus le Bus
[Read in English here] - ou écoutez-moi lire en cliquant sur le lien audio ci-dessus !
Vous pensez peut-être que je n'ai pas peur de voyager seule comme je le fais, dormir chez des inconnus, me promener seule sur des sentiers peu fréquentés, nager dans la mer avec personne sur la plage, ou dormir sur un parking au milieu d'une grande ville... Ce que vous ne voyez pas, c'est que je suis parfois terrifiée avant de le faire. Mais je sais que la peur est comme une porte fermée, une porte derrière laquelle de merveilleuses expériences m'attendent. Le courage n'est que la clé qui ouvre ces portes. Et souvent, le courage est brandi d'une main tremblante.
Aujourd'hui, cela fera un an que Gus le Bus et moi sommes officiellement partis pour notre grande aventure nomade. Nous avons passé notre première nuit à cinq kilomètres de la ferme familiale, sur une aire de camping-car en bordure de la ville où habite ma sœur. C'était bel et bien le début de ma nouvelle vie. Un tout petit pas, mais un pas quand même. Il n'est pas nécessaire de sauter depuis le plongeoir de dix mètres de haut pour entrer dans la piscine, on peut commencer par y tremper lentement les orteils... Ce n'est pas grave. Ce qui est important, c'est de commencer. C'est l'étape la plus difficile de toutes, alors il faut faire en sorte qu'elle soit aussi simple à gérer que possible.
Un an plus tard, c'est une femme très différente au volant. Je n'aurais jamais pu imaginer à quel point cette expérience allait me changer. C’est devenu beaucoup plus facile pour moi de rencontrer des gens. Et je n'ai plus si peur de demander de l’aide !
Je n'aurais jamais imaginé qu'un jour, sur la route, ma fenêtre de toit s'envolerait au passage d'un camion, laissant un trou béant au-dessus de ma tête... Je ne suis pas du genre à paniquer. Je suis plutôt la maman qui calme tout le monde dans une situation, qui trouve des solutions et garde son sang-froid. Pas ce jour-là. Il n'y avait personne d'autre dont il fallait s'occuper, alors j'ai laissé la panique s'emparer de moi. Je me suis arrêtée tout de suite, sans me soucier que c’était dans l'allée de quelqu'un, et j'ai vite saisi mon téléphone pour trouver une solution sur Internet... un mécanicien pour camping-cars peut-être ? pas de réseau. C'est l'inconvénient des petites routes de campagne... à court d’idées, j'ouvre ma porte et aperçois quelqu'un derrière une haie, je m'approche et commence à déballer mon histoire à toute vitesse. Je m’attendais à ce qu’il m’engueule pour m'être garée dans son allée, mais non, et il ne m'a pas dévorée ni chassée. Il m'a dit : "Venez, montrez-moi le problème”. Il m'a écouté pendant que j'expliquais plus lentement, puis il m'a regardée et m'a dit : "Vous n'êtes pas blessée. La fenêtre n'a heurté personne. Alors tout va bien ! Allons voir ça”. Nous sommes allés ensemble dans le champ pour retrouver les panneaux, il m'a raccompagnée et m'a indiqué où trouver un mécanicien qui m'aiderait à fixer les pièces. Et il m'a souhaité un bon voyage.
Si la situation avait été inversée, j'aurais bien sûr fait la même chose pour lui. Mais j'ai toujours eu peur des gens. Sans raison valable, je l'admets. Le fait d'être confronté à un étranger aussi aimable a été révélateur pour moi ! C'était un grand pas sur mon chemin pour commencer à faire confiance aux gens. Oui, je sais qu'il y a toujours des gens peu scrupuleux, mais c'est ça le truc, les humains sont d'abord bons.
Le fait que j'écrive ces lignes est déjà un grand pas en avant. Admettre ma plus grande faiblesse, savoir que des gens qui me connaissent liront ces lignes et se moqueront peut-être de mes petites peurs ridicules, c'est terrifiant.
Ce matin, en rangeant et en faisant la vaisselle, j'écoutais l'un de mes podcasts préférés, The Boomer Woman's Podcast, avec comme invitée
, la "Nomadic Color Guru", qui vit sur la route et écrit un blog sur ses expériences et sur la façon dont elle affronte ses peurs. L'entendre raconter comment elle a affronté ses peurs - ses peurs à elle seule, mais des peurs quand même - et comment elle a eu le courage d'écrire à ce sujet, m'a inspirée. Je me suis dit que si j’en parlais, de mes petites peurs toutes bêtes à moi, peut-être que cela pourrait donner du courage à quelqu'un pour affronter les leurs, pour découvrir la merveilleuse aventure qui se trouve au-delà des portes verrouillées...Une fois, je suis allé parler à un couple de cyclistes alors que nous profitions d'une vue magnifique sur un lac, parce qu'ils parlaient anglais, et nous avons fini par passer la soirée ensemble à jouer à la pétanque et à partager nos histoires...
Je me suis mise à parler aux gens qui pêchent sur la plage à marée basse, ils aiment me montrer et m’expliquer ce qu’ils font, et c’est interessant.
Un autre moyen de rencontrer des gens, c’est en ligne, j'apprends à les connaître d'abord à distance, puis je finis par les rencontrer en vrai - bizarre, je sais, mais ça marche pour moi !
Vendredi soir, c'était le début de la Coupe du Monde de rugby. France contre Nouvelle-Zélande. L'année dernière, nous avons eu la Coupe du Monde de football et, assise seule dans mon bus, j'entendais les gens dans les pubs et même dans d'autres camions applaudir et je me sentais un peu seule - même si je n'aime pas le football, c'est l’ambiance et l'énergie partagée qui est fantastique. Alors cette fois-ci, je n'allais pas répéter l’expérience. J'ai prévu à l'avance, je me suis garée dans un petit port où il y avait un café (j’ai tout de meme vérifié sur internet qu'ils diffusaient bien le match), j'ai pris mon courage à deux mains et je suis entrée seule dans l'endroit bondé. Je tremblais un peu intérieurement, mais j'avais mis mon air assuré. Je me suis assise toute seule avec ma pinte de bière, me sentant un peu bête comme ça, là. Mais très vite, je n'étais plus seule, il y avait des fans tout autour de moi et nous applaudissions les mêmes choses et partagions la joie de la victoire. Ensuite, alors que tout le monde quittait la petite salle étouffante, je me suis retrouvée avec un demi-verre à finir, que je n'allais pas gâcher, alors je me suis plantée dans l'air frais du soir, à observer les gens autour de moi.. Quelqu'un est venu me parler et m'a invitée à rejoindre son groupe. Et un autre m’a demandé comment une femme seule pouvait sembler si intéressée par le rugby, et j'ai répondu que je viens d'Afrique du Sud et que c'est une religion là-bas, alors... en fin de compte, j'ai passé toute la nuit avec deux gars sympathiques à écouter de la musique et à parler de voyages, de rencontres, de motos et de camping-cars, et j'ai regardé le lever du soleil - une chose qui ne m’est pas arrivée depuis je ne sais pas combien de temps... Si je n'avais pas pris cette clé fermement en main et ouvert cette porte, j'aurais manqué cette merveilleuse expérience...
Ma cousine m'a persuadée de monter en télésiège dans les Alpes. J'étais paralysée par ma peur des hauteurs, cramponnée sur cet engin grand-ouvert, avec rien d'autre que de l'air entre moi et les rochers en dessous.... Mais quelle expérience !!! Maintenant, je le referai avec plaisir...
Il s'est aussi passé quelque chose de très inattendu cette année. J'ai lu des mots de sagesse écrits par une amie en Afrique du Sud à propos de la peur de la douleur. (J'ai écrit à ce sujet dans l'un de mes derniers articles) Comment la peur de cette douleur nous empêche d’abandonner notre cœur à l’amour. Elle aurait pu être en train de lire directement dans mes pensées... Alors j'ai compris ses mots, et j'ai enfin décidé qu'il était temps de briser ces murailles derrière lesquelles je me cachais depuis si longtemps... Les fées bretonnes ont conspiré, et... je suis tombée amoureuse... profondément... L'amour rend vulnérable à la douleur, oui, mais c’est une aventure à ne pas manquer…. Je suis heureuse d'avoir ouvert cette porte, derrière laquelle se cachait un univers magique. Je suis terrifiée d'en parler, mais puisqu’ici je vous révèle les peurs que j’ai surmontées, autant en faire de même avec celle-ci...
J'ai commencé mon voyage avec pour but de voir le plus de la France que possible, mais finalement, ce sont les gens avec qui j'ai parlé plus que les endroits que j'ai vus, qui ont élargi mon esprit et changé ma façon de voir la vie ! Alors merci à tous les humains merveilleux qui ont croisé mon chemin et partagé leurs histoires avec moi cette année !
J'écris ce blog parce que j'aime écrire, et pour que mes amis et ma famille du monde entier puissent suivre mes aventures. Si nous venons de nous rencontrer sur la route ou en ligne, n'hésitez pas à vous abonner pour que le prochain épisode atterrisse directement dans votre boîte aux lettres. De plus, j'écris en anglais et en français, donc vous pouvez suivre les deux si vous voulez pratiquer la langue, mais si ce n'est pas le cas, n'hésitez pas à vous désabonner de l'un ou l'autre. Si vous connaissez quelqu'un qui a besoin d'un peu d'inspiration, partagez l'un de mes articles avec eux !