Ralentissons avant l'hiver
Réflexions sur le mois d'octobre, le travail nomade et l'histoire
Eh bien, je suppose que c'est officiellement la fin de l'été... voila, il pleut. Une vraie bonne pluie. Et la nuit dernière, le vent soufflait avec une telle intention qu'il a presque réussi à nous emporter avec lui. Je suis très heureuse que mon été ait duré jusqu'à fin octobre. Le fait que je me promène dans les régions méridionales de la France, où la température est généralement plus élevée que sous les hautes latitudes, n’y est pas pour rien...
La décision de rester par ici a été en partie influencée par les grèves de l'industrie pétrolière française qui provoquent des files d'attente “de ouf”1 dans les stations-service à travers le pays...
Je me suis dit que si je voyageais moins de 50 km par jour ou si je restais au même endroit pendant trois nuits d'affilée, je devrais pouvoir éviter de faire la queue moi aussi. Jusqu'ici ça marche ! En ralentissant mon train de vie, j'ai découvert que je pouvais travailler davantage et réduire ainsi mon niveau d'anxiété. J'aime beaucoup mon style de vie, mais je commençais à m'inquiéter de ne pas avoir huit heures de travail à mon bureau comme je le faisais auparavant, comme tout bon chef d'entreprise devrait le faire s'il prend son affaire au sérieux.
Il s'avère qu'au lieu de rester assis à un bureau pendant huit heures à "faire des choses productives" ou à me faire croire que c'est le cas, le peu de temps où je m'assois pour travailler me permet de boucler les choses qui doivent être faites. Est-ce que cela a un sens ? Je suppose que l'on pourrait dire que le travail est beaucoup plus concentré et ciblé. Si seulement j'avais pensé à ça avant. J'aurais peut-être fait encore plus de choses pendant mes huit heures... Non, ce n'est pas cela justement: Je constate que travailler pendant moins d'heures me rend plus productive, c'est ce que j'essaie de dire. Il y a peut-être là un message pour les patrons...
Certains jours, je ne me mets pas du tout au travail. Le matin, je planifie mon voyage de la journée, je décide où je vais m'arrêter pour une visite, pour faire des courses ou pour faire la lessive, et où je vais passer la nuit. Il est arrivé que l'endroit que je visite soit si beau que j'y passe toute la journée, sans avoir le temps de travailler. Ou bien, l'endroit où j'avais décidé de camper se trouve de l'autre côté d'un minuscule village de montagne avec des rues si étroites que mon bus de 2,2 m de large enlèverait le plâtre des murs, et je dois négocier pour sortir de là quand un camion arrive de l'autre côté, et puis quoi encore, et quand j'arrive enfin à sortir, je passe encore une heure sur les applications pour trouver le prochain meilleur endroit, et quand j'arrive enfin, je suis tellement épuisée que tout ce que je peux faire, c'est réchauffer le repas d'hier soir et m’affaisser avec Netflix... ouf !
Le mois d'octobre a été magnifique. La lumière est magique, on peut voir que le soleil est plus bas sur l'horizon, car la lumière est douce et chaude et on n'a pas besoin de porter des lunettes de soleil pour conduire :) C'est une première pour moi. Les températures chaudes que nous avons eues ont atteint des records grâce au réchauffement climatique (non pas que je le soutienne !) Et comme je ne courais pas vers une destination, j'ai vraiment pris le temps d'apprécier la région que je visitais.
Qui aurait cru que je nagerais dans la mer Méditerranée en plein mois d'octobre ? Je ne savais même pas que les Romains avaient creusé des tunnels dans la roche calcaire pour leurs aqueducs, mais j'ai fait de la randonnée parce que j'ai vu un endroit sur Google Maps et je me suis dit, il faut que je voie ça ! J'ai traversé ce petit tunnel sombre et je suis sortie de l'autre côté en pensais à ce que les esclaves devaient endurer à l'époque. Mais nous ne parlerons pas de ça ici...
Les tunnels et le pont de pierre géant qui traverse le Gard étaient merveilleux à voir et j'aime que la France soit si fière de son patrimoine que tant de pièces anciennes soient bien entretenues et préparées pour que le public puisse les voir. Certaines sont entretenus par l'État, et d'autres par des associations bénévoles privées qui donnent leur temps et leur expertise pour rénover des bâtiments et des sites anciens. Cela nous aide à prendre du recul, à nous rappeler le chemin parcouru par les gens - comment ils vivaient et ce qui était important pour eux à l'époque - combien il est important de se rappeler combien la vie s'est améliorée au fil des siècles (pas partout dans le monde, remarquez) - je ne pense pas que l'on puisse se souvenir suffisamment d’être reconnaissant envers ces personnes exceptionnelles qui ont changé le cours de l'histoire d'une manière ou d'une autre, même celles que l’histoire à oubliées.
Les choses dans le monde vont mal en ce moment, tout le monde semble avoir des difficultés, mais si vous regardez en arrière, être capable de chauffer votre maison à 19 degrés Celsius en hiver est un luxe... imaginez si vos fenêtres n'avaient pas de verre, ou si votre toit n'était pas isolé, ou si vous deviez sortir couper du bois pour votre cheminée enfumée pour avoir un peu de chaleur qui s'échapperait des murs en pierre ou sous la porte branlante de toute façon... Je suis très reconnaissante que mon bus à moi ait un système de chauffage central, imaginez ! ! J'ai l'impression que je vais bientôt commencer à l'utiliser... J'espère qu’on pourra trouver des bouteilles de gaz dans les stations-service cet hiver…
J'espère que vous appréciez toujours mes petits résumés de voyage, j'aime pouvoir tenir tout le monde au courant, je n'ai jamais l'impression de voyager seule parce que je répète constamment ce que je vais vous raconter ensuite - et puis quand je commence à écrire, ça sort complètement différemment...
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For the non-french, this expression means “de fou” or folles / mad, but in the slang reverse mode of speaking… It is just so good to describe this situation…